La garrigue de Julie.


Ceux qui aiment la garrigue savent l’explosion de saveurs, d’odeurs, de couleurs qu’elle diffuse en toute discrétion sous le soleil du sud et sur la terre caillouteuse où les végétaux saisissent leur chance avec un aplomb touchant. Julie c’est la même chose, c’est une pousse de thym qui a grandi en terre hostile. Celles là ont une vigueur particulière du fait même qu’elles se sentent menacées.

Je l’ai vue au travail de son disque,  »Amours sorcières », de l’écriture à l’enregistrement, soucieuse, accrocheuse, doutant et sûre d’elle à la fois, heureuse de se ressembler.

Julie Lagarrigue on la suit depuis longtemps. On le sait, c’est un plaisir de l’entendre. Et quoi encore ? La succession de ses disques c’est une marche, une progression rêveuse vers  »toucher au plus juste les vibrations en soi ».

Et quoi encore ? Comment dire mieux ce qui se passe à l’écoute ? On fait silence et surpris, on s’arrête sans mal. Pourtant c’est une gageure de s’arrêter, tant nous sommes toujours lancés en avant dans ce monde impérieux, dans ce monde en fuite ! On s’arrête sans mal, et on écoute en soi une corde vibrer.

Et quoi encore ? Comment dire… ?

C’est un sentiment.

Et quoi encore ?

Je voudrais dire, sans entrer dans le détail des chansons, des qualités : la ligne de fuite, la matière organique, l’âme vibratoire, le goût d’aimer, une douceur et une rugosité, une franchise, un courage face à la douleur, le vide de la disparition, un penchant pour la fraternité, une pudeur osée, la musique et la voix.

J’aime la chanson. La bonne chanson c’est celle qui nous rend un peu con, qui nous attendrit la cuirasse, nous tire les larmes, nous fait vulnérable, sentimental. C’est ce qu’elle me fait la garrigue de Julie.

En botanique, la garrigue est une formation végétale caractéristique des régions méditerranéennes, proche du maquis. Voilà c’est ça ! Prenons le maquis, c’est ça les amours sorcières !!

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